LE MARIAGE EN REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO
L’Alliance Matrimoniale à la Croisée de la
Culture
Traditionnelle et Moderniste
Certes, en général, la vie
d’un homme sur la terre passe par trois étapes essentielles que sont: la
naissance, le mariage et la mort. En effet, à la première étape de la vie,
celle de la naissance, l’homme quitte le monde spirituel pour entrer
inconsciemment dans le monde physique. Dans cette circonstance, la famille se réjouit
de son enrichissement par la venue d’un nouveau membre. Au cours de la deuxième
étape de la vie, celle du mariage, l’homme quitte consciemment la famille de
son père ou de sa mère en vue de fonder sa propre famille. Dans pareille
situation, la famille se réjouit de voir son propre élargissement en devenant
une grande famille et tendre vers un clan. A la troisième étape, celle de la
mort, l’homme quitte souvent inconsciemment le monde physique pour rentrer dans
le monde spirituel. Dans cette circonstance, la famille s’attriste de son appauvrissement
due à la perte d’un membre.
De ce qui précède, le
mariage paraît être l’étape la plus importante de la vie d’un homme puisque
celui-ci en est conscient et y prend une décision ultime. Il demeure vrai que
l’alliance matrimoniale est un fait à la fois culturel et social. A ce propos,
il sied de préciser que lorsque deux cultures sont en compétition, naturellement,
la plus forte absorbe ou annihilé la plus faible … Qu’en est-il donc de cet
important phénomène socioculturel dans la République Démocratique du Congo, ce
vaste et fabuleux pays qui se localise au cœur de l’Afrique?
Il est bien connu que, démographiquement
et sociologiquement, la République Démocratique du Congo est un gigantesque mosaїque socioculturel. Sa population est composée d’environ
250 groupements ethniques, mieux, ethnolinguistiques, eux-mêmes comprenant approximativement
450 tribus. Néanmoins, au sein de la population congolaise, il existe trois
grandes ethnies dominantes: l’ethnie Mongo, l’ethnie Luba et l’ethnie Kongo.
Ces trois grandes ethnies forment le groupe racial Bantou. La première ethnie constitue
33% de la population globale, la deuxième 18% et la troisième 12%. Les 47%
restants comprennent notamment: les groupes raciaux Semi-bantou, Nilotique,
Soudanais et Pygmée.
Par ailleurs, de par son
histoire coloniale et l’attraction de ses fabuleuses ressources naturelles, la
République Démocratique du Congo est constamment soumise aux impératifs de la
modernité dans l’actuel contexte de globalisation. Ainsi, à la dualité
socioculturelle interne se juxtapose une autre dualité socioculturelle
entretenue par les influences de l’extérieur. Dès lors, point n’est besoin de déduire
à ce stade que la société congolaise se trouve actuellement en pleine mutation
sociologique?
Dans cette dynamique d’une
perpétuelle dualité socioculturelle à la fois multiforme et multisectorielle,
certes, en matière de fixation de l’alliance matrimoniale au sein et entre les
groupements ethnolinguistiques, certaines valeurs traditionnelles reculent face
à d’autres plus compétitives. Au cours de la période précoloniale et même
coloniale, les groupements ethnolinguistiques étaient quelque peu cloisonnés.
C’est ici que les valeurs traditionnelles demeuraient authentiques puisque étant
bien préservées. A ce propos, notons toutefois que le mariage ne se nouait pas
de la même manière dans les groupements ethnolinguistiques à régime patrilinéaire
et dans ceux à régime matrilinéaire. Notons aussi que l’alliance matrimoniale
ne se concrétisait pas de manière similaire dans les groupements ethnolinguistiques
qui prônent comme valeurs absolues la virginité prémaritale ainsi que la fidélité
conjugale et dans ceux pour lesquels la perte prémaritale de virginité ainsi
que l’infidélité conjugale sont plutôt des exploits!
Bien plus, depuis la période coloniale, les groupements ethnolinguistiques étaient devenus ouverts. Avec l’amélioration toujours accrue tant des moyens de transport que ceux de communication, la dynamique de la constante circulation des personnes, à l’intérieur du pays comme à travers les frontières de celui-ci, est à l’origine du recul voire de la disparition de plusieurs valeurs traditionnelles devant l’irrésistible poussée
des valeurs modernistes qui dominaient parmi lesquelles celles du christianisme. Point ne sert de souligner que ces valeurs modernistes de juxtaposition accélèrent drastiquement l’évolution du géantissime mosaїque socioculturel qu’est la République Démocratique du Congo. Aussi, dans l’irréductible mouvance des idéaux de globalisation, certes, la société congolaise est en train d’expérimenter, lentement et sûrement, une tendance à l’uniformisation des conditions de fixation de toute alliance matrimoniale dans les différents groupements ethnolinguistiques. Autant dire à priori que, dans la matière sous-examen, les valeurs traditionnelles sont en train de disparaître devant la montée des valeurs modernes.
Néanmoins, le recoupement des processus des alliances
matrimoniales intra-ethniques, inter-ethniques ou extra-ethniques voire interraciales
paraissent généralement avoir en commun les trois conditions que voici: (1) le
consentement mutuel des aspirants au mariage; (2) l’approbation des parents aussi
bien de la fiancée que du fiancé; enfin, (3) la remise de la dot par l’époux
aux parents de l’épouse. Au-delà de ces exigences formelles, la remise du certificat
de mariage par l’officier de l’état civil (mariage civil) et la bénédiction
nuptiale (mariage religieux) ne sont que des formalités administratives subséquentes!
En épilogue, rappelons que la culture constitue
l’essentiel de l’identité d’un peuple donné, d’une nation bien déterminée. Devant
la réalité de la déperdition des valeurs traditionnelles, entreprise
consécutive à la poussée des valeurs modernes, le but de la présente note qui
se veut introductive aux futurs articles concordants est de mettre en exergue,
mieux, de faire prévaloir les conditions de fixation du mariage coutumier telles
qu’elles sont rigoureusement envisagées dans les groupements ethnolinguistiques
phares. De cette manière, la démarche pourra concourir à la préservation, du
moins en archives, de cette culture sectorielle hautement indispensable. Elle
l’est, non seulement pour sa part de sauvegarde de l’identité nationale de la mosaїque République Démocratique du Congo, mais bien plus,
pour rendre celle-ci compétitive face à l’inévitable concurrence de la
domination des cultures envahissantes sur l’échiquier international.
Very informative artical papa Paul Vincent. I cannot wait to read the second installment . Thank you for pouring into our community
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